Variations sur le rythme, la temporalité et leur mise en jeu dans la thérapie d’un enfant autiste

Ce travail est une réflexion dans l’après-coup sur le travail accompli dans un hôpital de la région parisienne avec un enfant autiste mutique qui a un peu plus de 8 ans au moment où je fais sa connaissance et 9 ans et demi au moment où mon stage se termine De ce travail, il est difficile d’évaluer les fruits à l’aune du visible. Voici cependant deux situations qui donnent à entendre l’ampleur des mouvements psychiques que le travail a accompagnés et favorisés. La première se situe en janvier 2010 C’est un mardi, je passe dans les groupes avant de monter pour la supervision. Dans la salle où se trouve Constant, après un moment passé à dire bonjour aux uns et aux autres, je m’assois par terre près du jouet-garage ; Constant s’assoit aussi par terre à deux mètres de moi (en un geste qui ne se réduit pas à l’échopraxie que l’on pourrait au premier degré y reconnaître). Et un jeu commence, consistant à faire rouler des petites voitures qui vont de l’un à l’autre ; je les lance vers Constant en les faisant parler (« je vais aller dire bonjour à Constant… »), et Constant me les renvoie d’un mouvement de la jambe qui est intermédiaire entre le geste de se débarrasser d’un objet importun et celui de le renvoyer intentionnellement ; je ressens dans le contre-transfert que c’est surtout la seconde dimension qui est là ; c’est un échange mais qui ne parvient pas à s’avouer, à se reconnaître comme tel ; la main n’intervient pas. Au moment où je vais quitter la salle, Constant esquisse un mouvement vers moi, que je ressens comme tendant non pas à la proximité, mais plutôt à une sorte de collage (comme s’il s’agissait non pas de s’adresser à l’autre, mais de faire un avec lui).

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